expositions passées

NEW YORK STORIES

21/02/2019 - 13/04/2019

Evsa MODEL / 

NEW YORK STORIES
Evsa MODEL
Evsa MODEL

Eva Model, ou parcours d'un homme né à l'aube du XXème à l'extrême sud-est de la Sibérie, qui devient témoin et acteur d'une aventure artistique de son siècle.

Si son nom est connu aujourd'hui, çest parce qu'il est devenu celui d'une artiste, la photographe Lisette Model, rencontrée à Nice lorsqu'elle travaillait sur sa série sur la Promenade des Anglais, il l'épousera à Paris en 1937 avant leur départ pour l'Amérique.
Evsa Model s'installe à Paris en 1921 pour étudier la peinture, suite à un périple pédestre qui le mènera de la Russie à l'Europe en passant par la Chine.
Il ouvre en 1926 la librairie galerie l'Esthétique et participe rapidement au milieu de l'avant- garde artistique de l'époque. Ami de Michel Seuphor dont il dessine la couverture du premier livre de poèmes Lecture élémentaire, publié aux Ecrivains Réunis en 1928. Il est aussi l'ami de Piet Mondrian et du photographe hongrois André Kertész dont il dessine le portrait, au café du Dôme, un jour de mai 1927.


 Plus tard, Michel Seuphor déclarera avoir vu chez lui dans le Midi de la France :


« Deux tableaux énormes, l'un gris représentant un carré dessiné en creux dans la pâte, l'autre un cercle dessiné égale- ment en creux dans une épaisse pâte rouge. C'était la géométrie exacte unie à un fond intemporel mais monochrome. ».


 Sa librairie reste connue par la photographie de   la devanture qu'en a faite André Kertész, sorte de jeu de lignes obliques en faible relief qui venait en contrepoint aux verticales des rythmes statiques et dynamiques.


La présentation des œuvres et des documents, la prise en compte du déplacement des visiteurs, la réussite plastique aussi, permettent de comparer son aménagement de l'espace à celui réalisé par Lissitzky au Landesmuseum de Hanovre pour le Cabinet des Abstraits. L'ensemble était remarquable et unique à cette date à Paris. On peut comprendre qu'il ait retenu l'attention d'Albert Morancé qui le publie dès l'hiver 1927 dans un album de planches de la collection aujourd'hui prestigieuse de l'Archi- tecture Vivante.


Le même souci de création anime Evsa Model lorsqu'il compose ses vitrines et çest à son ami Kertész qu'il demande d'en fixer la forme. Ainsi l'une des photographies montre la vitrine regroupant dans une composition abstraite trois éléments, une petite sculpture d'esprit cubo-dadaïste, une grande feuille blanche placée en oblique et parfaitement enroulée, ainsi que le dessin d'une spirale.


Une autre photographie de Kertész donne à voir les ouvrages proposés au visiteur : des publications sur Sonia Delaunay, Willi Baumeister, Natalie Gontcha- rova, Pablo Picasso et l'Architecture Vivante ; les livres les plus rares et sophistiqués de l'avant-garde internationale.


Plus tard à New York, il y eut le cercle d'autres amis, les siens et ceux de Lisette Model, les élèves, pho- tographes, peintres, sculpteurs, et parmi ceux-ci : Ossip Zadkine, Hans Hoffmann, Sidney Janis, tou- jours André Kertész.


Sidney Janis exposa ses peintures en 1948 dans sa galerie et écrivit un texte chaleureux dans le catalogue qu'il édita à cette occasion. L'exposition fut visitée par Leon Polk Smith mais ne connut pas de succès. Les difficultés financières constantes du couple et la dépendance d'Evsa à son épouse semblent l'avoir peu à peu rongé et convaincu de la vanité de tout effort pour présenter son travail. Il avait pourtant continué à peindre : des tableaux et aussi son appartement, qui, comme l'atelier de Mondrian, comme celui de Domela à Berlin, de Gorin à Nort-sur-Erdre, de Del Marle à Pont-sur- Sambre, devint une œuvre totale par la polychro- mie des murs et la mise en espace des objets.


Il a semble-t-il, toujours peint. A Paris, ses vitrines montrent des objets et des compositions qu'il a créés.


Sa production aurait été perdue, n'eût été la pers- picacité de Baudoin Lebon, qui a su la retrouver à New York, avec le concours de Avi Keitelman, a fait restaurer toiles et papiers avec un grand respect pour une véritable résurrection.


Il nous donne à voir l'éclat de leurs couleurs, l'énergie de leur composition, leur originalité.


A regarder hâtivement les œuvres achevées et les nombreuses études sur papier retrouvées, qui ne sont le plus souvent ni datées et signées, elles peuvent être classées dans la grande famille de l'abstraction géométrique.


Marqué par l'œuvre de Mondrian, il ne se limite pas aux seules couleurs primaires, ni aux seules directions orthogonales.


Ses compositions sont organisées parfois de façon très minimale, avec un peu de plans délimités par un nombre restreint de lignes. A d'autres moments elles offrent un réseau de lignes nombreuses évo- quant des façades de gratte-ciel. Presque toujours, elles intègrent la présence de la figure humaine, donnée par une ou plusieurs silhouettes stylisées et hors d'échelle, çest le sentiment de l'espace quo se vit à New York.


Une peinture comme celle de Model située entre l'abstraction et figuration a rarement été vu, peut- être pourrait-on la rapprocher de Joaquim Garcia ou encore de Stuart Davis ?


 La merveilleuse aventure de la librairie l'Esthétique à Paris, comparable par son ambition à celle d'Al- fred Stieglitz avec sa galerie 291, bien qu'infiniment moins importante par ses conséquences, nous fait voir en Evsa Model un passeur,. C'est la crise éco- nomique de 1930 qui en a arrêté l'expansion : Evsa a montré les liens établis par les constructivistes entre l'architecture, la typographie, le design et la peinture. Il a montré aussi, établi à Paris, deux des foyers du constructivisme, le russe et le hollandais, et leurs points communs. La redécouverte du fonds de son atelier permis par le travail de Baudoin Le- bon révèle aussi la beauté de son œuvre peint, né en Europe et développé à New York. La vie de son auteur, qui a tous les caractères du romanesque, est une page de l'histoire qu'il importe de lire.


Ses compositions sont organisées parfois de façon très minimale, avec un peu de plans délimités par un nombre restreint de lignes. A d'autres moments elles offrent un réseau de lignes nombreuses évo- quant des façades de gratte-ciel. Presque toujours, elles intègrent la présence de la figure humaine, donnée par une ou plusieurs silhouettes stylisées et hors d'échelle, çest le sentiment de l'espace quo se vit à New York.


Une peinture comme celle de Model située entre l'abstraction et figuration a rarement été vu, peut- être pourrait-on la rapprocher de Joaquim Garcia ou encore de Stuart Davis ?


 La merveilleuse aventure de la librairie l'Esthétique à Paris, comparable par son ambition à celle d'Al- fred Stieglitz avec sa galerie 291, bien qu'infiniment moins importante par ses conséquences, nous fait voir en Evsa Model un passeur,. C'est la crise éco- nomique de 1930 qui en a arrêté l'expansion : Evsa a montré les liens établis par les constructivistes entre l'architecture, la typographie, le design et la peinture. Il a montré aussi, établi à Paris, deux des foyers du constructivisme, le russe et le hollandais, et leurs points communs. La redécouverte du fonds de son atelier permis par le travail de Baudoin Le- bon révèle aussi la beauté de son œuvre peint, né en Europe et développé à New York. La vie de son auteur, qui a tous les caractères du romanesque, est une page de l'histoire qu'il importe de lire.